Monumen
Le Phénix – Grand-Place de Bruxelles
Informations :
- Sculpteur 1: VAN DEN KERCKHOVE Godefroid
- Sculpteur 2: MARCHANT Edouard François
- Adresse ou lieu-dit: Grand-Place 5
- Code postal (en Belgique): 1000
- Localité: Bruxelles
- Région: Région de Bruxelles-Capitale
- Pays: Belgique
- Continent: Europe
- Latitude: 50.8469763
- Longitude: 4.3520876
- Matériau: Bronze
- Type d'oeuvre: Statues décoratives, Sculptures animalières
- Morphologie: statue
- Année: 1891
- Titulaire(s) et droits sur les photos: Benoit LF - mai 2020 - Incendie de 1690 par Théodore Van Heil - Aquarelle de F-J Derons 1737
Description:
Phénix renaissant de ses cendres au milieu des flammes, symbolisant les incendies et reconstructions successives de la Maison de la Louve sur la Grand-Place de Bruxelles.
Inscriptions
Signature du sculpteur sur le haut du socle à droite :
G.D.VANDEN KERCKHOVE
Chronogramme en lettres dorées sous le phénix (1690) :
COMBUSTA
INSIGNIOR REsURREXI
EXPENSIS
SEBASTIANÆ GULDÆ
(Consumée, je ressuscitai plus glorieuse par les soins de la Gilde de Sébastien)
Description de l'objet
La façade de la Louve se compose d’un rez-de-chaussée et de trois étages sur trois travées.
La porte de bois du rez-de-chaussée est sculptée des armes des archers, arcs, flèches, hallebardes, épées carquois et gants. Elle est surmontée de l’enseigne représentant la louve allaitant Romulus et Remus. Les grilles en fer forgé des deux côtés sont ornées des initiales A et S des saints patrons des archers, Antoine et Sébastien.
Le premier étage est décoré de carquois et autres accessoires des archers.
Aux deuxième et troisième étage quatre allégories sont associées à quatre empereurs romains.
La Vérité (HIC VERUM – ici la vérité), tenant un livre ouvert et accompagnée d’un aigle, associée au soleil et à Trajan, avec l’inscription : FIRMAMENRUM IMPERII – le soutien de l’empire
Le Mensonge (HINC FAISUM- ici la fausseté), tenant un masque et accompagnée d’un renard, associée à une cage d’oiseleur et à un filet et à Tibère avec l’inscription : INSIDAE STATUS – les pièges de l’État
La Paix (PAX SIT – que la paix soit), tenant les faisceaux de l’union et accompagnée d’un couple de colombes, associée un globe terrestre entouré de rameaux d’olivier et à Auguste, avec l’inscription : SALUS GENERIS HUMANI – le salut du genre humain
La Discorde (DISCORDIA LONGE – que la discorde soit éloignée), tenant une torche allumée et accompagnée de deux chiens se disputant un os, associée à un cœur et à des torches et à Jules César avec l’inscription : EVERSIO REIPUBLICAE – le renversement de l’État
Dans le tympan triangulaire un bas-relief représente le dieu antique des archers Phébus-Apollon tuant d’une flèche le serpent Python.
Enfin au sommet surmontant le chronogramme, est placé le Phénix triomphant entouré de flammes.
Historique
La présence d’une maison appelée « De Wolf » - Le Loup - sur le côté nord-ouest de la place du « Grand-Marché » est attestée dès le XIVe siècle. Au début du XVIIe, elle est acquise par le Serment (ou gilde) des archers pour y tenir ses assemblées, et qui en restera propriétaire jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
En 1641, la maison, qui comme toutes les maisons de la Grand-Place de l’époque présente une façade de bois sur une base et avec des murs mitoyens en pierre et en briques, est réédifiée entièrement en maçonnerie. Celle-ci est détruite par un incendie le 11 octobre 1690, sujet du tableau peint par Théodore Van Heil conservé au Musée de la Ville de Bruxelles. Les archers la font reconstruire suivant les plans et dessins baroques du peintre Pierre Herbosch, dont une gravure est conservée. Elle est la première des maisons de la Grand-Place à posséder une décoration élaborée, composée de sculptures allégoriques et ornementations tirées de l’histoire antique ou de la mythologie classique et d’évocations de l’activité des archers, son style particulier influencera celui des autres maisons de la place. Sur l’enseigne au-dessus de la porte, l’image du loup figure du Moyen-âge, laisse la place à la louve romaine allaitant Romulus et Remus, plus proche des références de la Renaissance.
Au sommet de la façade un Phénix est placé pour célébrer la reconstruction de la maison et l’effort financier important fourni par la corporation des archers pour la réaliser.
Quelques années plus tard, du 13 au 15 août 1695 durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg qui oppose la France de Louis XIV à une large coalition européenne, le maréchal de Villeroy qui commande les troupes françaises en campagne dans les Pays-Bas espagnols fait bombarder Bruxelles. La ville n’est pourtant ni une ville de garnison ni un objectif militaire. Il s’agit d’une action désespérée, et qui se révèlera inutile, dans le but de détourner les troupes alliées de l’encerclement de la citadelle de Namur ou une armée française est assiégée. Les bombes incendiaires réduisent en ruine une grande partie du bas de la ville dont des milliers de maisons et autres bâtiments. Sur la Grand-Place, seules quelques pans de façades dont une partie de celle de la Louve est encore debout.
La maison est à nouveau reconstruite selon le dessin de 1690, à l’exception du pignon où le fronton triangulaire est remplacé par un socle sur lequel est replacé le phénix au dessus d’un nouveau chronogramme faisant référence aux trois incendies et indiquant la date de la nouvelle construction :
STVPES QVOD TERTIO CINIS GLORIOSIOR EXVRGO, PHOENIX SVM (1696)
(Étonne-toi de me voir pour la troisième fois ressusciter de mes cendres, je suis le Phénix)
Durant les années de la reconstruction de Bruxelles, le phénix de la Maison de la Louve prend une dimension nouvelle. Il n’est plus seulement le symbole de la renaissance de la maison des archers, mais de la ville entière. Une médaille est frappée par la ville avec l’image de l’incendie sur une face et celle du phénix sur l’autre.
Au cours du XVIIIe siècle, les corporations en déclin peinent à entretenir leurs maisons et leurs riches décorations, certaines sont vendues et toutes se dégradent. Le coup de grâce viendra des révolutionnaires français pour qui les corporations, institutions héritées de l’Ancien Régime, doivent être supprimées, leurs biens sont confisqués et mis en vente publique. Les statues qui ornent encore la Grand-Place, dont le phénix, sont abattues en 1793.
Une première restauration partielle du pignon de La Louve a lieu en 1852, le Phénix y est replacé par le sculpteur Édouard François Marchant. La ville a fait l’acquisition de cinq aquarelles réalisées par Ferdinand-Joseph Derons entre 1729 et 1749 représentant les maisons de la Grand-Place qui serviront de modèle aux restaurations.
La restauration systématique de la Grand-Place est entreprise suivant la volonté et sous les mandats successifs du bourgmestre Charles Buls (de 1881 à 1899). Celle de La Louve est menée en 1890-1892 par Victor Jamaer, architecte communal. Cette restauration, contrairement à la représentation des aquarelles de Derons rétablit l'état de la maison et le fronton triangulaire d’après la gravure de Pierre Herbosch, avec le chronogramme original de 1691, toujours visible actuellement.
Le quatrième Phénix (après ceux de 1691, 1696 et 1852) est l’œuvre de Godefroid Van den Kerckhove, auteur également de la statue personnifiant la Paix au niveau du 2eme étage.
La dernière restauration en date durant laquelle les façades du côté nord-ouest ont été nettoyées et redorées a eu lieu durant les années 2014-2015.
Référence source
sur le terrainBibliographie et liens
Guide illustré de Bruxelles – Tome 1, Monuments civils par Guillaume Des Marez archiviste de la Ville de Bruxelles – 1928
Les Maisons de la Grand-Place de Bruxelles – collectif – CFC éditions 2007
Le bombardement de Bruxelles par Louis XIV et la reconstruction qui s’en suivit 1695 - 1700 – sous la direction de Maurice Culot – Archives d’Architecture Moderne 1992
La Grand-Place de Bruxelles – Isabelle De Pange – Ed. Aparté 2011
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